Comment élaborer un plan de formation efficace pour son entreprise

A diverse group of professionals engaged in a brainstorming session around a wooden table with technology present.

Dans un envi­ron­nement en con­stante muta­tion, la capac­ité d’une entre­prise à s’adapter repose en grande par­tie sur le développe­ment des com­pé­tences de ses col­lab­o­ra­teurs. Le plan de for­ma­tion, aujourd’hui désigné sous le nom de plan de développe­ment des com­pé­tences, con­stitue un levi­er stratégique essen­tiel pour accom­pa­g­n­er cette trans­for­ma­tion.

Mais com­ment con­cevoir un plan struc­turé, aligné avec les objec­tifs de l’entreprise, tout en répon­dant aux besoins indi­vidu­els ? Voici une méth­ode com­plète et opéra­tionnelle pour éla­bor­er un plan de for­ma­tion à forte valeur ajoutée.

Qu’est-ce qu’un plan de formation ?

Définition du plan de formation

Le plan de for­ma­tion regroupe l’ensemble des actions de for­ma­tion qu’un employeur décide de met­tre en œuvre pour ses salariés sur une péri­ode don­née, générale­ment l’année. Depuis la réforme de la for­ma­tion pro­fes­sion­nelle, on par­le offi­cielle­ment de plan de développe­ment des com­pé­tences.

Il inclut :

  • les for­ma­tions oblig­a­toires (ex. : sécu­rité, hygiène)
  • les for­ma­tions pro­fes­sion­nelles (tech­niques, métiers)
  • les bilans de com­pé­tences
  • les val­i­da­tions des acquis de l’expérience (VAE)
  • les péri­odes de pro­fes­sion­nal­i­sa­tion

Objectifs du plan

Le plan vise à :

  • accom­pa­g­n­er la mon­tée en com­pé­tences
  • garan­tir l’adaptation au poste de tra­vail
  • main­tenir l’employabilité des col­lab­o­ra­teurs
  • répon­dre aux enjeux stratégiques de l’entreprise

Cadre juridique

L’élaboration d’un plan de for­ma­tion relève de la respon­s­abil­ité de l’employeur. Celui-ci est tenu de garan­tir l’adaptation des salariés à leur poste (Code du tra­vail — arti­cle L6321‑1). Le plan est fac­ul­tatif mais forte­ment recom­mandé, notam­ment en cas de con­trôle URSSAF ou de lit­ige lié à la for­ma­tion.

Pourquoi mettre en place un plan de formation ?

Alignement stratégique

Le plan per­met de faire con­verg­er les com­pé­tences internes avec la vision de l’entreprise. Il anticipe les besoins futurs liés à des pro­jets, des trans­for­ma­tions ou des évo­lu­tions tech­nologiques.

Réponse aux obligations réglementaires

Cer­taines for­ma­tions sont exigées par la loi, comme celles liées à la sécu­rité ou à l’hygiène. Le plan per­met de struc­tur­er et trac­er leur mise en œuvre.

Amélioration de la performance

For­mer les équipes, c’est leur per­me­t­tre de mieux tra­vailler, plus rapi­de­ment et avec moins d’erreurs. Cela impacte directe­ment la qual­ité de ser­vice, la pro­duc­tiv­ité et la sat­is­fac­tion client.

Fidélisation et motivation

Les col­lab­o­ra­teurs val­orisent les entre­pris­es qui investis­sent dans leur évo­lu­tion. Un plan bien conçu ren­force l’engagement, réduit le turnover et favorise un cli­mat de con­fi­ance.

Anticipation des mutations

Dig­i­tal­i­sa­tion, automa­ti­sa­tion, nou­velles normes… Le plan de for­ma­tion pré­pare les équipes à faire face aux défis de demain.

Les 9 étapes clés pour élaborer un plan de formation efficace

1. Diagnostiquer les besoins

Cette phase con­siste à iden­ti­fi­er les écarts entre :

  • les com­pé­tences actuelles
  • les com­pé­tences néces­saires à court et moyen terme

Méth­odes recom­mandées :

  • entre­tiens annuels et pro­fes­sion­nels
  • ques­tion­naires internes
  • retour des man­agers opéra­tionnels
  • analyse des pro­jets à venir
  • bench­mark méti­er ou sec­to­riel

Une car­togra­phie des com­pé­tences peut égale­ment aider à visu­alis­er les écarts à combler.

2. Identifier les publics cibles

Une for­ma­tion effi­cace est une for­ma­tion bien ciblée. Il con­vient de :

  • seg­menter les col­lab­o­ra­teurs par méti­er, niveau hiérar­chique, anci­en­neté
  • déter­min­er les postes stratégiques à ren­forcer
  • iden­ti­fi­er les per­son­nes en recon­ver­sion ou à fort poten­tiel

Le ciblage per­met de hiérar­chis­er les pri­or­ités et d’optimiser les ressources.

3. Définir les objectifs pédagogiques

Chaque action de for­ma­tion doit répon­dre à un besoin con­cret et mesurable. Un bon objec­tif péd­a­gogique est :

  • spé­ci­fique
  • mesurable
  • atteignable
  • réal­iste
  • tem­porelle­ment défi­ni (méth­ode SMART)

Exem­ples :

  • Maîtris­er les fonc­tion­nal­ités avancées du CRM d’ici 2 mois
  • Réduire de 30 % les erreurs de con­for­mité d’ici la fin du trimestre
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4. Choisir les modalités pédagogiques

Il existe aujourd’hui une grande var­iété de for­mats. Le choix dépend :

  • du pub­lic cible
  • des disponi­bil­ités
  • du bud­get
  • des objec­tifs visés

Modal­ités pos­si­bles :

  • présen­tiel (inter ou intra-entre­prise)
  • class­es virtuelles
  • e‑learning
  • blend­ed learn­ing (mix)
  • tutorat ou men­tor­ing
  • coach­ing indi­vidu­el

La com­bi­nai­son de plusieurs for­mats (mix péd­a­gogique) est sou­vent la plus effi­cace.

5. Évaluer les coûts et arbitrer

Le coût d’un plan de for­ma­tion inclut :

  • le coût péd­a­gogique (for­ma­teur, plate­forme, sup­ports)
  • les frais logis­tiques (déplace­ment, héberge­ment)
  • le temps de mobil­i­sa­tion des salariés

Il est cru­cial de :

  • estimer chaque action
  • com­par­er les coûts aux résul­tats atten­dus
  • arbi­tr­er selon les pri­or­ités
  • rechercher des cofi­nance­ments (OPCO, CPF, FNE-For­ma­tion…)

6. Planifier les actions dans le temps

La plan­i­fi­ca­tion doit être cohérente avec :

  • le cal­en­dri­er opéra­tionnel de l’entreprise
  • la disponi­bil­ité des inter­venants
  • les rythmes d’apprentissage recom­mandés

Un rétro­plan­ning pré­cis per­met d’anticiper les étapes et les échéances.

7. Communiquer le plan en interne

La réus­site d’un plan repose aus­si sur son accep­ta­tion. Il est essen­tiel de :

  • expli­quer les objec­tifs
  • dif­fuser un cat­a­logue clair des for­ma­tions disponibles
  • informer sur les modal­ités d’inscription
  • rap­pel­er les droits et devoirs de cha­cun

Une com­mu­ni­ca­tion trans­par­ente favorise l’engagement et évite les résis­tances.

8. Déployer les actions de formation

Le déploiement demande une coor­di­na­tion rigoureuse :

  • val­i­da­tion des inscrip­tions
  • ges­tion logis­tique
  • con­trac­tu­al­i­sa­tion avec les prestataires
  • suivi de la présence
  • accom­pa­g­ne­ment des col­lab­o­ra­teurs avant, pen­dant et après la for­ma­tion

Un référent RH ou un respon­s­able for­ma­tion est sou­vent néces­saire pour super­vis­er cette phase.

9. Évaluer les résultats et ajuster

L’évaluation inter­vient à plusieurs niveaux :

  • à chaud : sat­is­fac­tion immé­di­ate
  • à froid : impact sur les com­pé­tences et la per­for­mance
  • au niveau organ­i­sa­tion­nel : effets sur les indi­ca­teurs busi­ness

Les don­nées recueil­lies per­me­t­tent d’ajuster :

  • les prochaines ses­sions
  • les méth­odes péd­a­gogiques
  • la plan­i­fi­ca­tion

Bonnes pratiques pour réussir son plan de formation

Co-construire avec les parties prenantes

Inclure les man­agers, les représen­tants du per­son­nel et les col­lab­o­ra­teurs dans l’élaboration du plan per­met de mieux cern­er les attentes et de favoris­er l’adhésion.

Prioriser les actions à fort impact

Il est préférable de miser sur quelques for­ma­tions clés que de mul­ti­pli­er les actions dis­per­sées. L’analyse du retour sur investisse­ment aide à faire les bons choix.

Varier les approches pédagogiques

Adapter les for­mats aux apprenants ren­force l’efficacité. L’alternance entre théorie, pra­tique, échanges et retours d’expérience est recom­mandée.

Suivre des indicateurs précis

Taux de par­tic­i­pa­tion, score de sat­is­fac­tion, pro­gres­sion des com­pé­tences, retour sur poste : autant de KPIs à suiv­re pour pilot­er le plan.

Capitaliser sur les retours

Une boucle d’amélioration con­tin­ue per­met d’enrichir le plan chaque année, en s’appuyant sur les résul­tats mesurés et les retours du ter­rain.

Les erreurs à éviter

Construire un plan déconnecté du terrain

Un plan élaboré unique­ment par la direc­tion ou le ser­vice RH, sans réelle con­cer­ta­tion avec les opéra­tionnels, risque de pass­er à côté des vrais besoins. Cela peut entraîn­er des for­ma­tions inutiles ou mal perçues par les salariés. Pour être per­ti­nent, le plan doit s’ap­puy­er sur une remon­tée d’in­for­ma­tions depuis le ter­rain.

Négliger la communication interne

L’absence de com­mu­ni­ca­tion autour du plan de for­ma­tion est l’une des prin­ci­pales caus­es d’échec. Un salarié qui ne com­prend pas les objec­tifs ou qui n’est pas infor­mé des oppor­tu­nités disponibles risque de se désen­gager. Il est essen­tiel de for­malis­er et dif­fuser le plan, d’expliquer les enjeux et de val­oris­er la démarche.

Ne pas intégrer l’évaluation

For­mer sans éval­uer revient à pilot­er sans indi­ca­teurs. L’évaluation doit se faire à trois niveaux : sat­is­fac­tion des par­tic­i­pants, acqui­si­tion des com­pé­tences et impact sur la per­for­mance au tra­vail. Sans cela, il est impos­si­ble d’identifier les actions effi­caces, ni d’amélior­er le dis­posi­tif dans le temps.

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Choisir des formations trop généralistes

Les for­ma­tions stan­dards, peu con­tex­tu­al­isées, peu­vent être bien con­stru­ites mais inef­fi­caces si elles ne cor­re­spon­dent pas à des sit­u­a­tions con­crètes vécues par les équipes. Une per­son­nal­i­sa­tion, même légère, rend l’apprentissage plus per­ti­nent et opéra­tionnel.

Sous-estimer les contraintes organisationnelles

Des for­ma­tions pro­gram­mées à des moments inadap­tés (péri­odes de forte activ­ité, con­gés, etc.) per­turbent le fonc­tion­nement de l’entreprise et peu­vent con­duire à des absences ou des reports. Il est essen­tiel d’intégrer les con­traintes opéra­tionnelles dans la plan­i­fi­ca­tion.

Ne pas impliquer les managers

Les man­agers jouent un rôle cen­tral dans le suc­cès du plan. Leur impli­ca­tion est indis­pens­able pour iden­ti­fi­er les besoins, motiv­er les équipes à se for­mer et assur­er le trans­fert des acquis sur le ter­rain. Un plan conçu sans eux per­dra en effi­cac­ité.

Foire aux questions (FAQ)

Qu’est-ce que le plan de développement des compétences remplace exactement ?

Il rem­place l’ancien « plan de for­ma­tion », mais le principe reste sim­i­laire : il s’agit tou­jours d’un doc­u­ment qui recense les actions de for­ma­tion prévues par l’entreprise. Ce change­ment de nom reflète mieux l’objectif : accom­pa­g­n­er le développe­ment pro­fes­sion­nel des salariés.

Le plan de formation est-il obligatoire ?

Non, le plan n’est pas oblig­a­toire en tant que doc­u­ment formel, mais l’entreprise a une oblig­a­tion légale de for­mer ses salariés, notam­ment pour assur­er leur adap­ta­tion au poste de tra­vail et main­tenir leur employ­a­bil­ité. Un plan struc­turé reste donc forte­ment recom­mandé.

Quelle est la différence entre une formation obligatoire et une formation facultative ?

Les for­ma­tions oblig­a­toires sont imposées par la loi ou la régle­men­ta­tion (sécu­rité, hygiène, CACES, etc.). Elles relèvent de l’initiative de l’employeur. Les for­ma­tions fac­ul­ta­tives sont à l’initiative de l’entreprise ou du salarié, en fonc­tion des pro­jets pro­fes­sion­nels ou des besoins iden­ti­fiés.

Qui finance le plan de formation ?

Le finance­ment peut venir directe­ment de l’entreprise, mais aus­si être par­tielle­ment pris en charge par des organ­ismes comme les OPCO (opéra­teurs de com­pé­tences). D’autres dis­posi­tifs exis­tent, comme le FNE-For­ma­tion, ou encore le CPF (Compte per­son­nel de for­ma­tion) dans cer­tains cas.

Faut-il impliquer les salariés dans la construction du plan ?

Oui. Même si l’employeur est déci­sion­naire, impli­quer les salariés per­met de mieux com­pren­dre leurs attentes et de con­stru­ire un plan réal­iste et moti­vant. Cela ren­force égale­ment l’engagement et la per­ti­nence des actions pro­posées.

Quels indicateurs suivre pour mesurer l’efficacité du plan ?

Il est con­seil­lé de suiv­re plusieurs types d’indicateurs :

  • Taux de par­tic­i­pa­tion
  • Taux de sat­is­fac­tion des par­tic­i­pants
  • Éval­u­a­tion des acquis (tests, cas pra­tiques)
  • Amélio­ra­tion de la per­for­mance post-for­ma­tion
  • Retour sur investisse­ment (si mesurable)

Combien de temps faut-il pour élaborer un plan de formation ?

Cela dépend de la taille de l’entreprise et de la com­plex­ité des besoins. Pour une PME, il est con­seil­lé de prévoir entre 1 à 3 mois pour diag­nos­ti­quer, con­stru­ire, valid­er et plan­i­fi­er le plan, en inté­grant les temps de con­cer­ta­tion.

Exemple d’un plan de formation dans une PME

Contexte

Une PME de 50 salariés, spé­cial­isée dans les ser­vices B2B, con­state un déficit d’efficacité dans la ges­tion de la rela­tion client. Le CRM est sous-util­isé et les proces­sus ne sont pas har­mon­isés.

Objectifs

  • Ren­forcer l’usage des out­ils numériques (CRM, automa­ti­sa­tion)
  • Amélior­er la réac­tiv­ité com­mer­ciale
  • Réduire les erreurs dans le suivi client

Actions mises en place

  • For­ma­tion CRM en présen­tiel (2 jours) pour l’équipe com­mer­ciale
  • Mod­ules e‑learning com­plé­men­taires (6 heures)
  • Coach­ing indi­vidu­el pour les man­agers inter­mé­di­aires

Planning et budget

  • Bud­get glob­al : 18 000 €
  • Déploiement sur 3 mois
  • Finance­ment par­tiel via l’OPCO

Résultats

  • Taux d’utilisation du CRM : +35 %
  • Temps moyen de réponse client : ‑20 %
  • Sat­is­fac­tion client : +15 points

Conclusion

Le plan de for­ma­tion n’est pas un sim­ple out­il admin­is­tratif. Bien con­stru­it, il devient un véri­ta­ble levi­er stratégique pour accom­pa­g­n­er la trans­for­ma­tion de l’entreprise, dévelop­per les tal­ents internes et anticiper les évo­lu­tions futures.

En respec­tant une démarche struc­turée, en impli­quant les acteurs clés et en mesurant les résul­tats, il est pos­si­ble de bâtir un plan de for­ma­tion à forte valeur ajoutée, aligné avec les ambi­tions de l’entreprise.

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